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Un article dans Libération

Ils ont largué les amarres : Franka Severin

Croqueuse de pépites Du Tyrol à l'Afrique du Sud, elle a été comptable, ou starlette, avant de chercher de l'or au pays de l'apartheid.

«Ah oui, tout de même, découvrir de l'or, ça fait quelque chose. La première fois, je me suis dit: c'est pas vrai, je produis de l'or!», chuchote-t-elle, une petite pépite qui scintille dans les prunelles. La même lueur, sans doute, qui brillait dans les yeux de Franka lorsqu'elle reçut sa première poupée, «perchée tellement haut sur le sapin de Noël que je n'arrivais pas à la voir», premier cadeau d'une enfance de misère. Assise sur un banc de pierre, au bord de la piscine de sa villa de Sandton, le quartier hollywoodien de Johannesburg, Franka trouve «drôle de revenir comme ça sur sa vie».

A 54 ans, l'ex-petite fille pauvre d'un village du Tyrol italien, grandie à Paris, est devenue une des dix premières fortunes d'Afrique du Sud, à la tête de son groupe minier. Menue dans sa tenue pourpre de grande bourgeoise un peu kitsch, on essaie de l'imaginer, un casque de mineur vissé sur le chignon, allumant le premier explosif du «Franka Shaft», un derrick baptisé du nom de sa propriétaire. Ou piquant un roupillon dans la poussière, le long de l'autoroute du Sud, un 44 Magnum glissé sous le siège d'un camion-grue géant, qu'elle convoyait sur un chantier. «C'est d'un précis, le 44 Magnum, impossible de rater sa cible avec une arme pareille», lance-t-elle. Le pétard, terriblement sud-africain, et «la petite jupe», souvenir d'en-France, qu'elle ne manquait jamais de glisser dans le même sachet lors de ses virées à la mine. «On ne sait jamais», dit-elle, en parlant de la jupe, bien sûr.

Reçue à la table de l'ex-président de Klerk ou du président namibien Sam Nujoma, qui réclame son conseil, Franka Severin raconte sa vie, une tasse de café brûlant sur la toile cirée de la table de cuisine, en compagnie de la bonne et du jardinier. Pas vraiment habituel dans une Afrique du Sud où la ségrégation raciale n'est pas encore passée aux affaires classées. «Un jour, j'ai choqué tout un cinéma en amenant ma bonne voir un film dans un quartier blanc où les Noirs n'avaient pas le droit d'aller. Le directeur n'a rien osé me dire.» Dans un ancien prospectus de son groupe Severin Mining and Development, on voit une photo d'elle, en petite robe légère et un beau sourire sur le visage, serrer sur sa poitrine la main du mineur noir Cyprian Qamata. Démagogie? Relations publiques de circonstance, dans l'Afrique du Sud de l'apartheid moribond? Le travailleur de fond et Franka ont pourtant sans doute quelque chose à partager. Pour elle, le souvenir d'une famille trop démunie pour acheter des bougies pour éclairer la petite maison de Tal Cento, une garnison militaire du Tyrol italien, une famille où l'on parle le furlan, un dialecte rétho-romanche, et qui vit des produits du jardin. L'exil vers Paris à la fin de la guerre, les deux premières ­ et seules ­ années de scolarité de la vie de Franka Severin, à 11 ans, et toujours «ces 25 du mois à sec, où on ne savait pas ce qu'il allait advenir du lendemain». Pour le mineur Cyprian Qamata, sans doute, pas encore un souvenir.

Pour s'en sortir, Franka, qui trouve à 15 ans un petit job de comptable au Printemps, profite de ses premières vacances à Cannes. Avec son teint de brunette sauvageonne et ses traits aux origines slaves, elle fait la starlette dans les concours de beauté et décroche des podiums. Invitée sur les yachts mouillés dans la baie, elle fait de tout, chante dans les orchestres, effectue de petits passages à la télévision, tourne des petites publicités. Une notamment, pour un bonnet de bain, «moi qui ne sais pas nager!». «L'argent que je gagnais, je l'économisais soigneusement et je le mettais dans le tiroir de ma commode. Bientôt, il fut plein à craquer de billets de banque.» Franka trouve son complice, dans la vie et bientôt en affaires, en la personne d'un ingénieur danois, Steen Severin. Ils se marient. A la tête d'une affaire de famille déjà fructueuse, il achète le premier port privé du Danemark et se lance avec Franka dans le commerce du charbon. C'est comme cela que l'Afrique du Sud, grosse productrice, vient aux Severin.

En 1979, désireux d'investir dans une mine, ils voient leurs projets bloqués par les Danois, qui ont pris la tête des protestations internationales contre le régime d'apartheid. Cela n'arrête pas Franka et Steen: ils mettent les bouts.

«Je ne connaissais aucun Noir à ce moment-là. Mon impression était que les Blancs afrikaners étaient des types assez droits. Par la suite, dit Franka, ma conscience politique s'est éveillée. Mais sur le moment, vous savez, on est tellement sous pression quand on dirige une société de 3.500 personnes, qu'on n'a plus le temps de penser à rien.» Les Severin vont bâtir leur empire minier durant les années d'apartheid, Franka en est la présidente, son mari s'occupe de l'ingénierie. Complices du régime ou industriels «à visage humain»? la gestion des mines du groupe est à l'image de Franka, mère aimante, mais autoritaire. Des Blancs sont mis à la porte pour leur conduite raciste, des actions sont distribuées, pour la première fois, aux ouvriers noirs. Franka passe ses dimanches à la mine à boire le café avec les ouvriers. «Ils ont une vie dure et je souhaitais leur donner un sentiment de communauté.» Mais lorsque le grand syndicat minier met son nez dans les affaires de Franka et fait planer des menaces de grève, les mineurs sont soumis au chantage du licenciement.

Sur le mur du salon, Franka a accroché l'une de ses peintures, un terril de couleur rouge, sur lequel sont collés des morceaux de métal. Obsession de l'accident, sur la mine, «un véritable traumatisme, l'impression de perdre un enfant». Le souvenir, justement, de deux enfants venus jouer en zone interdite et engloutis sous la masse. C'est Steen qui a repéré un petit pied dépassant des gravats. C'est Franka qui a appris la nouvelle aux parents.

La mine, la fureur, les accidents, c'est désormais du passé. «Il y a cinq ans, j'ai regardé ma vie. J'ai toujours voulu faire de la peinture. Je me suis dit que c'était maintenant ou jamais.» Le contexte économique n'est plus aussi favorable qu'il l'a été (des taux bancaires exorbitants, le cours de l'or moins solide), les Severin liquident toutes leurs mines en 1992. Franka s'est construite un luxueux atelier au fond du jardin et organise ses expositions à Paris ou aux Etats-Unis. «A Johannesburg, on ne me prend pas au sérieux. On se dit: voilà la dame riche qui s'offre une carrière de peintre.» Elle peint aussi les ghettos, le peuple noir en lutte, comme sur cette photographie du soulèvement de Soweto, en 1976, qu'elle retranscrit avec ses pinceaux. Fascinée par les turbulences de ce pays. Inquiète aussi, comme beaucoup de Blancs qui ont vu, avec la fin de l'apartheid, la délinquance des townships s'exporter dans leurs quartiers. Franka dit qu'elle a peur pour sa sécurité, que la ville est devenue dangereuse. Elle dit encore qu'elle est prête «à donner une chance à l'Afrique du Sud» jusqu'aux élections de 1999, lorsque Nelson Mandela se retirera. «Si la situation à ce moment-là dégénère, je suis prête à larguer les amarres.» Elle rentrera en France ­ «je suis proche des défauts des Français» ­ où elle cache sa dernière passion: une Ferrari. «On donne tout à une Ferrari, tant d'énergie qu'il ne reste plus rien».

 

JEAN-PHILIPPE CEPPI
Le 17 août 1996

 


 

 

Un article dans Maisons & Décors

Maisons et Décors

 


 

(Excerpt from Dialogue Painting) Mongane Wally Serote 5 June 1994, Member of Parliament, responsible for Arts and Culture…

… “Art is like water, it moves through the cracks and on and against walls. Art appears in unexpected ways. It can bog you down or set you free. It can challenge and change you forever. When there are taboos, art can make you a thief. When there is freedom, it can set you on flight. It reveals secrets and therefore can reveal you” …

… “Today Franka Severin has brought us close to colours and patterns. She has brought to us shapes, shadows and light. Except for a few paintings, she broke the rules. She is Bill Ainslie’s student. But more important, I hope in these paintings, we find that, after she was Bill’s student, she is Franka.

The exhibition today Franka’s exhibition and painting, is about eucalyptus. It is also about light and shadows, but also, it is about colours. More than that, this exhibition is abstract painting. Most important, it is about dialogue. We can talk to yourself. But hopefully, if you can, that is if you are aware of other people about you, you can talk to them, and them to you.

There is sensuousness in the pictures. There is gentleness in the paintings. There is care. There a break into hope. Combined and individually, the painting explore and articulate, what we may feel, what we may think and what we may crave for. The colours and the light break at times, in violent ways, and times softly. They break in gloom and at times in ecstasy. The shafts are always there, staring, hovering, hanging, dangling. At times they are obstacles, at another time they compliment and help assist what we may think or feel.

Who is Franka? I have known Franka in Three respects. I have known her as a concerned member of the Johannesburg Art Foundation, who wanted it to become both a successful business concern and a flourishing art centre. I then came to know her as a business woman. And lastly, discovered that she was keenly aware of the plight of the oppressed and decided she was, in her own way, going to deal with this matter. I never knew that she was painter until recently when I visited her house. Even then, which is unusual, I never made it my business to find out what she was doing a painter.

Well, here then is Franka, the painter. I think she brought to painting her business experience, her good heart and the unflinching spirit of art to articulate life. Ladies and gentlemen, let us explore and experience with my friend Franka. I hope we take something with us, and I also hope that we go out there and use it.

Thank you.”

 

Mongane Wally Serote 5 June 1994

 


 

Franka Severin
Peinture – témoignage pour une réflexion sur la société

Après avoir relaté sa dernière rencontre avec Bill Ainslie, peintre très célèbre d’Afrique du sud, à l’œuvre figurative puis complètement abstraite, Willy Serote, membre du Parlement, responsable des Arts et de la culture, poursuivit son discours avec la présentation de l’exposition des œuvres de Franka Severin en 1994 à la galerie Karen Mac Kerron à Johannesburg, en marquant sa surprise et son étonnement. Il dit connaitre les qualités humanitaires de Franka, son énergie en tant que femme d’affaires, son rôle déterminant à la Johannesburg Art Foundation. Alors qu’elle vivait là depuis 1979, il découvrait depuis peu, une artiste de talent, élève de Bill Ainslie, et le plus important, une artiste à part entière. Cette exposition avait pour thème les fameux eucalyptus d’Afrique, avec ombre, lumière, couleurs particulières. Un travail abstrait.

En France cette fois, à l’espace des Blancs Manteaux, Pierre-Charles Krieg * à Paris, Franka Severin relève un défi. Dans une salle plutôt prévue pour des concerts, elle présente sur 900m2 une exposition intitulée « Parcours de Vies » - titre évocateur pour qui a déjà vécu comme elle, plusieurs vies. Il ne s’agit pas de son propre parcours mais de l’aspect humain de la vie, d’une réflexion sur la société. « L’idée de cette exposition m’est venue du fait que j’ai fréquenté dans ma vie des milieux très différents souvent opposés, différentes sociétés qui se côtoient, qui se détestent ou qui s’ignorent. Chacune engagée dans une lutte professionnelle pour aller de l’avant, peu importe où se situe cet avant. »

Une magnifique toile « Pumelela » de 5m50 sur 3m20, la mère et l’enfant, thème cher à Franka, accueille le public, couleurs chaudes, tendance fauve ; puis le peintre nous convie à une réflexion sociologique, nourrie de son expérience en Afrique du sud. D’abord la condition ouvrière, le thème est fort, « Soweto Sunset » l’œuvre est bien construite, réaliste. La souffrance est omniprésente, soleil noir, groupe d’hommes mêlés, saisis au sortir de la mine, entourés d’une végétation qui souffre elle aussi, les couleurs ici sont comme brulées par la détresse.

Plus loin une construction présentant le tunnel d’une mine, bordée de scène de vies peintes, avec à l’intérieur le matériel spécifique, bottes, lampe. L’atmosphère est recréée : l’éclairage, l’humidité qui suinte, l’odeur de la terre, tout est là fidèlement. L’artiste, connait, elle a travaillé et parcouru les mines pendant une quinzaine d’années.

Ici, un accident, près d’une mine, des petits pieds qui sortent du sable, The Scrap Dealer, puis Où est passé mon pass, (car sans ce papier on va en prison.) Des témoignages de la violence, de la dépendance, de l’indifférence, Femme savante  enchainée, le nouveau monde et ses limites. Envie, mutations, soumission, retranchement, mélancolie, autant de titres évocateurs, et d’œuvres qui posent question, font réfléchir le visiteur sur la situation de la société. Si les personnages sont souvent africains, le thème et les problèmes universels, s’adressent aux hommes de tous pays.

Ce qui fait l’originalité de cette exposition, outre la réflexion sociologique, c’est la profusion et la violence des couleurs ; des bleus superbes, des verts émeraude, une nature luxuriante qui sauve le monde. Un coucher de soleil aux fastes superbes, un orage inquiétant, des paysages extraordinaires où lumière et cultures se mêlent aux instantanés de vie. Cette exposition se veut expressive, des documents, des preuves d’interdits ou de toute puissance sont présentés, quelquefois de manière un peu naïve mais toujours avec une conviction communicative.

* Du 28 juillet au 23 aout 2000, en présence de l’artiste.

 

Brigitte Chéry

Art Jonction – le journal (juillet / aout 2000)

Pumelela

Photo de la peinture Pumelela

 



 

Un article dans Sortir ici et ailleurs

 


 

 

Un article dans Art Côte d'Azur

 

Un article dans l'Agora des arts

 

Un article dans Var Matin

 

Un article dans la Marseillaise, édition le Varois

 

Un article dans la Gazette de Monaco

Un article dans la Gazette de Monaco

 

Un article dans Monaco Hebdo

Un article dans Monaco Hebdo

 

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